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  • Photo du rédacteurFlorence et Pierre

Et si Porto Santo était un modèle ?

Dernière mise à jour : 22 oct. 2023

Néphyla est ancrée au milieu de l’Atlantique, près d’une île.

Il n’aura échappé qu’à peu de monde que je suis écolo. Je n’ai jamais, ces dernière années, fait autre chose que de crier que le problème est le pétrole (gaz et charbon avec). Non pas en tant que tel mais ce que l’homme en fait, à quel degré, quelle quantité, quelle qualité. Et que dire des conséquences en termes de sécurité, pollution, guerre, misère, réduction de la biodiversité, augmentation des inutilités produites et… LE RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE. Imaginez si il fait si chaud que l'eau s'évapore... Néphyla n'aura plus d'eau ?

Oups, non, le niveau va monter au contraire.

Si j’ai commencé par sécurité, c’est que mes cours d’hygiène et sécurité en 1981 parlait du pétrole comme un gigantesque (le principal) problème de sécurité des hommes. Incendie, pollution, toxicité, chimie du pétrole et tous ces travers, émanations, déchets, ainsi que toutes les conséquences des usines à gaz (jeu de mot !) qu’on a pu fabriquer grâce au pétrole. On était en 1981. Il n’y avait pas le big pharma, pas les fibres textiles qui étaient majoritaires, pas 100 millions de voitures produites chaque année, pas 500millions de personnes qui vivent avec du chauffage et de la clim 100% de leur temps de vie, pas de fumées de pollution si denses qu’elles obscurcissent le ciel 350 jours/an pour encore d’autres millions de personnes, pas de déchets plastiques partout. Partout, j’insiste, du haut du Népal au fond de l’océan en passant par vos poumons. Les hippies critiquaient la société de consommation dans les années 60. (1960 à 1969). Je vous laisse imaginer ce qu’ils diraient s’ils voyaient notre monde. D’ailleurs certains le voient. Oups.

Venons-en au fait d’aujourd’hui et de cette île : Porto Santo. Ce bout de Terre n’existe tel qu’il est actuellement uniquement que par la volonté des politiques de développer le tourisme et grâce au pétrole. Ils ont créé ex-nihilo un "produit" afin de satisfaire la théorie de la croissance. Dans le passé (1980), c’était un ilot sec, sans précipitation, volcanique, avec aucune ressource locale. Aujourd’hui, c’est un lieu de villégiature pour les madérains le we, les portugais en vacances et les touristes fortunés de la vieille Europe et du monde entier (un AR en avion coûte 50€ depuis une grande capitale, je vous laisse juge de mon idée de la fortune). Entre les deux, les considérations géopolitiques (Portugal mais aussi OTAN) y ont développé un aéroport, un port, une ville, etc. Et alors Pierrot ? Comme dans beaucoup d’autres endroits !

Oui mais ici, il n’y avait rien, il n’y a rien et on peut parier très très gros qu’il n’y aura jamais rien… sans pétrole. Il ne pleut jamais, n’y existe aucune ressource et c’est un (très beau) rocher volcanique. Tout a été importé. Par bateau. Dans le passé marine à voile, depuis la fin du XIXème siècle marine à charbon, depuis le XXème marine à pétrole. Le ciment, la peinture, le goudron, les voitures, les denrées alimentaires, les sandales et parasols, le verre et l’alcool, les mangues et les ananas, le rhum et le sucre de canne, les clefs à molettes et les bikinis, les portails automatiques et les ordinateurs. Tout vient du pétrole. Ici il n’y a rien. Que des cailloux volcaniques, à l’exception de quelques grains de sables, résidus organiques de coquilles qui font cette merveilleuse plage de 9km de long.

Que des cailloux !

Mais comment ça marche tout ça ? Le pétrole arrive raffiné par pétrolier. Il est stocké là, juste en face de moi. Il y a le nombre de litres écrit sur chaque cuve. Ensuite, le pétrole est brûlé dans l’usine électrique juste à côté, là. Aujourd’hui, 7 lignes de production fonctionnaient (un moteur diesel entrainant une génératrice électrique), on les entend distinctement très bien quand on marche à côté, le long de la route. Ensuite l’électricité est transportée par un réseau souterrain vers la ville, vers le port, pour les prises de courant de tout ce petit monde et aussi vers l’usine de désalinisation d’eau de mer. Le reste du pétrole raffiné est du diesel et de l’essence pour les quelques véhicules de l’île. Il n’y a pas d’eau potable ici, pas assez pour une consommation de 5000 hab. , encore moins pour les touristes en plus (+ 40000 hab. parait-il en pleine saison). Alors l’eau d’ici, c’est du pétrole et le l’eau de mer mélangés astucieusement par l’ingénierie de l’homme.

- Parlons de développement durable.

- Heu… ben non, Pierrot, ce n’est pas possible. Tout marche au pétrole, tu viens de le dire.

- Et oh, vous deux, il y a quand même une éolienne et 54 panneaux photovoltaïques.

- Ah oui, toujours cette fameuse excuse des énergies renouvelables…

Je ne fais pas le calcul de l’éolienne et des panneaux PV. C’est… inutile. Franchement inutile. C’est tellement faible que cela ne prouverait qu’une chose. L’île marche au pétrole. Uniquement au pétrole. Pour un village comme Montendre ou Jonzac (entre 3 et 5000 hab. environ aussi pour comparer), il est très difficile de comprendre comment la vie de nos territoires de France métropolitaine est organisée. Il y a plein de routes, plein de solutions techniques différentes, plein de ceci et cela, ressources, richesses, histoires, us et coutumes, cultures, points particuliers à chaque territoire, sources, carrières, usines, etc. Avec une île, la compréhension est forcément simple. Le schéma est linéaire depuis le port jusqu’à la station d’épuration (deux, une derrière la ville au nord et une côté ouest dans la partie plate) et le stockage des déchets (au Nord de l’île, après la piste d’atterrissage à droite, la décharge de classe 3, les déchets verts (plutôt secs, lol), les containers pour le recyclage du verre.

- Ils recyclent le verre ? Ca veut dire, comme il n’y a pas d’usine ici, que : soit ils stockent depuis 20 ans et peuvent continuer comme ça encore 30 ou 40 ans, soit ils transportent du verre à recycler vers Madère à 3h de bateau de là pour… économiser de l’énergie ? (Mais allo, quoi !!). Les politiciens, gouvernements, syndicats professionnels, communes, régions, etc. veulent nous faire croire à quoi en recyclant le verre à Porto Santo ?

J’ai tout bien vu. Il n’y a que 60km de routes sur cette petite île. On a loué une bagnole pour visiter et on est passé partout. Toutes les routes et presque toutes les rues de ce petit village. Toute ma vie d’écolo est passée devant le capot de cette petite voiture qui a satisfait nos (mes) appétits de savoir et de sensations touristique. (Je fais partie du système, je le sais).

Alors pourquoi Porto Santo est-il un modèle ? En premier lieu, c’est un modèle de compréhension de notre monde. Une île qui n’a rien à part une plage et qui se développe et tire ses ressources d’ailleurs. L’énergie ici c’est extra simple. Pétrole. Le reste, ce sont des matières premières et produits finis importés qui arrivent par pétroliers, vraquiers, cargos et aussi sans doute 2 ou 3 avions. Ils ont tous été fabriqués grâce, avec ou sont même directement du pétrole. Je suis au meilleur endroit pour comprendre un mini système et même si honnêtement, j’avais déjà à peu près tout compris et conscience de tout, là, je touche du doigt, du regard, de l’oreille aussi quand j’entends corner le dernier cargo qui vient de quitter le port il y a 3 minutes, juste là.

Note de la rédaction : Je suis dégouté quand je vois qu’il y a un golf, seul oasis d’herbe verte dans un univers absolument minéral. Depuis le Pico de Facho (516m), on voit absolument toute l’île. Le golf est le seul endroit où il y a du vert et 8 petits lacs d’eau douce en plein soleil, des étangs de décoration pour une toute petite poignée de touristes aux exigences folles, délire anti-écolo par excellence très tendance touristique bling bling, blang klang boom beurk. Je vomis tripes et boyaux. Et ce n’est pas parce qu’il y a du roulis. C’est parce que l’eau de ce golfe vient de la centrale de désalinisation et qu’il faut un bon paquet de barils de pétrole pour avoir de l’herbe verte et des jolis étangs. BEURK.


P&F.

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