jeudi 08 juin 2023 Xavier a dit : « Vous devez vous arrêter à La Corogne, c’est un MUST ».
Xavier, il a quand même fait le tour du monde en voilier en course avec des noms connus, alors hein… !!! Néphyla est « pantalan 9 », place 15 au Porto Nautico da Coruna.
La Corogne, le coin du monde. La Corogne, c’est là où l’Espagne tourne vers le Sud, là où les navigateurs passent du golfe de Gascogne vers la verticale qui mène au Portugal, à la Méditerranée, au Maroc, à Madère, aux Canaries, au Cap-Vert, à l’Afrique, loin. J’ai l’impression que le voyage commence ici. Avant, la traversée du golfe, la côte Cantabrique, c’est encore un peu chez nous. Après La Corogne, le vent n’est plus le même, les courants non plus, le temps change, la météo, mais aussi le timing. A La Corogne, tu peux attendre 15 jours la bascule de vent qui te permet d’avancer. Il n’est pas question de passer le Cap Finisterre avec le vent de face, les vagues grosses comme ça, les cargos tout autour, les rochers, les sirènes. Non, pas les sirènes, il parait qu’elles ont déménagé.
Ce qui n’a pas déménagé, pas changé depuis environ 2000 ans, c’est « La Torre », le phare. Un phare construit par les romains au premier siècle après César (Jules, celui d’Astérix). A l’époque un truc en pierres granitiques de 40m de haut. Il fonctionnait avec de l’huile et un miroir. Et bien figurez-vous que le phare fonctionne encore. On lui a fait un petit lifting en 1788 mais sinon, il domine la mer et guide toujours les navires. C’est le plus vieux phare du monde en fonctionnement. L’autre plus vieux, mais qui a été détruit, c’est celui d’Alexandrie, qui a d’ailleurs fait naufrager les papillons de ma jeunesse…
La Corogne, c’est aussi une grande ville avec des buildings dans la partie moderne et une vieille ville très piétonne, pleine de vieilles églises romanes,
un port industriel, un port de pêche, deux, non trois ports de plaisance. On dirait la Rochelle, mais avec un temps breton qui change trois fois par jour, des poissonneries et des bars à tous les coins de rue, des guitaristes et des chanteurs sur les pavés et sous les pavés, la plage.
Au fait, la Corogne c’est aussi pile au Nord d’une certaine ville de pèlerinage : Saint Jacques de Compostelle. Pour y aller, deux solutions. La première, à la vitesse des escargots, il faut marcher 80km pendant environ 4 jours sous la pluie, le soleil, la pluie, le soleil… J’ai dit escargot à cause de la coquille mais je viens d’apprendre que la coquille Saint-Jacques n’est pas exactement un escargot. C’est vrai qu’ici, il faut être un peu aveugle pour ne pas voir les dizaines de pancartes, panneaux, signalétiques etc. à l’effigie de la sainte coquille. Deuxième solution, le train. Au bout d’une demi-heure, on y est et… Bon ben le feeling n’y est pas vraiment. Si on n’a pas marché pour y venir, en tant que simple touriste, à part la cathédrale qui est quand même incontestablement imposante, à part les quelques petites églises et monuments au style massif, le plus intéressant aura été à nos yeux le marché. Il y a pourtant entre 1000 et 2000 pèlerins qui y arrivent chaque jour.
De retour à La Corogne, Alphons et Hilde, du bateau copain avec qui on a déjà navigué côte à côte, nous attendent pour une sacrée soirée. Le très chic RCNC (Real Club Nautico da Coruna) propose une fois par mois à ses membres un diner avec musique live. Je ne sais pas trop comment mais nous avons une invitation pour 4 personnes. Tenue correcte exigée, à partir de 21h00. La journée se passe à se demander comment on va s’habiller. LOL. Florence n’a pas de robe, j’ai une chemise froissée, des pompes pour faire du bateau, heureusement, il nous reste à chacun un pull marin qui devrait faire l’affaire, vu que quand même, le club est « nautico ». On va se doucher, Florence met des boucles d’oreilles et en avant. Il y a un photographe à l’entrée qui tire le portrait de dames en robes longues et talons hauts, vestons et pantalons très stricts pour ces messieurs… aie aie aie, on ne sait même pas si on va passer la porte. Ouf, c’était un mariage au rez-de-chaussée. Nous on est du Club Nautico, au premier.
On se croirait dans le film « le tour du monde en 80 jours », quand Passe-partout entre dans le Club londonien de Philéas Fogg, vous savez, les sièges en cuir, les meubles en bois sombre, les portraits des lords anglais accrochés près du piano à queue et tous les blasons des clubs sur les murs de l’immense cage d’escalier. Idem pour nous. Je cherche où me mettre… je ne trouve nulle part… petit moment de solitude où deux mondes se percutent, l’un simple (et pourtant nous sommes riches et chanceux de faire un tel voyage à bord d’un merveilleux voilier !!) et l’autre très huppé. Passé ce vide, après un apéritif nous voici attablé avec deux bouteilles de vins, un buffet d’entrées, puis arrivent les jarrets de veau cuits à la façon de Düsseldorf (dixit Alphons), finalement les parts de gâteau à la fraise. Et tout ça pour 27€/pers. Florence avait lu sur le guide des ports d’Espagne que le Real Club Nautico était très select. Il l’est !
Real veut quand même dire Royal. Il fallait le vivre, nous l’avons vécu.
P&F
Bon vent les feeliniens (ienes)..
Franck et Flo sur Rackham..
Votre aventure est super. Profitez en. Bises lilasiennes