24 septembre 2023 Néphyla est au mouillage dans une crique d’un petit paradis isolé de tout, à Graciosa, une île minuscule collée à Lanzarote, tout au nord des Canaries.
Ceux qui ont un jour acheté un masque de plongée à La Rochelle ont sans doute été déçus de ne voir aucun poisson dans la mer, je fais partie de ceux-là. A part les mulets, gros poissons habitués des ports, on ne voit pas grand-chose, soit parce que l’eau n’est pas claire, soit parce qu’il n’y a pas ou très peu de poissons. Le masque de La Rochelle commence à devenir intéressant le long des côtes espagnoles et portugaises, si l’eau n’est pas trop froide, hors malgré la canicule de cette année, l’eau était froide ! Arrivés à Porto Santo, près de Madère, nous avons testé notre matériel, mais bon, à part 4 gros trucs (poissons indéterminés) qui rodaient sous la coque de notre bateau-copain Bohème, les animaux ne se bousculaient pas autour de nos palmes. Attendre encore…
Il aura fallu un coup du sort, déjà raconté dans un autre épisode (celui de l’annexe retournée et du moteur en panne) pour plonger un peu plus profond. Retourner une annexe ne nécessite pas de plonger. Sauf si les rames de l’annexe étaient restées à l’intérieur et que le retournement les a jetées au fond. A Porto Santo, nous étions ancrés par 6/8 m de fond, suivant la marée. L’eau était si claire qu’avec le masque, on voyait distinctement les rames posées sur le sable. J’ai ajusté mon masque, serré mes palmes, pris ma respiration et tel Jacques Maillol dans « Le Grand Bleu », à moi les abysses, j’ai été récupérer nos précieux bouts de métal. Tout fier, le Pierrot va raconter son exploit du jour à son copain Jean-Mi. Et là, Jean-Mi raconte qu’il a laissé tomber au fond son échelle de bain qui lui sert à remonter dans le bateau quand il va se baigner. On regarde. Comme pour les rames, on voit distinctement la chose posée sur le sable. Rebelote, deuxième exploit en quelques minutes, je la ramène à la surface. Voyant cela, la foule amassée sur la plage n’a de cesse de clamer mon nom en criant hourra ! J’exagère un peu… Florence a dit « c’est bien » et Sandra m’a fait un café.
A Graciosa, sans être vraiment en tournage pour le « Monde du silence » du capitaine au bonnet rouge (Cousteau, pour ceux qui ne l’auraient pas reconnu) nous avons enfin vu de multiples formes de toutes les couleurs. A l’aquarium de La Rochelle, on remarque bien que les poissons présentés en fonction de leur origine sont de couleurs très uniformes pour ceux de nos côtes et très colorés pour les poissons tropicaux. Idem dans celui de La Palmas, Gran Canaria. Plus on va vers le sud, plus il y a de couleurs. A La Graciosa on trouve de tout. Des sortes de petites sardines maigrichonnes et filiformes qui se promènent en bande, des plats verticaux aux nageoires rigolotes qui sortent sur les côtés comme pour nous faire des signes, un rouge clair vif sur la partie avant de son corps et très normal (du genre beige/gris) sur la partie arrière, comme s’il voulait suivre ma théorie des couleurs et nous dire : ici, on est à la fois pour les poissons du nord et pour les poissons tropicaux et je suis leur porte-parole à tous.
Et puis plein plein de petits colorés jaune et vert, des violets avec une queue triple, des crabes dans les rochers, etc. Vive le snorkeling. A un moment, je plonge en apnée un peu trop profond et quand je remonte, je vois un truc au dessus de ma tête, sous le bateau. j'ai attendu quelques secondes... LOL.
Snorkeling n’est pas le nom du nouveau canapé trois places d’Ikéa. Le snorkeling, c’est la balade avec palmes, masque et tuba, on regarde vers le fond juste pour découvrir, sans grand danger. Ce stade de l’évolution, à cheval entre le costume de bain et la petite sirène, est facile et bien agréable. L’ivresse des grandes profondeurs sera pour une autre fois.
Je n’oublie pas, mes amis, que vous m’avez offert pour mes 60 ans un stage de plongée aux Caraïbes. Alors voyez, je m’entraîne pour en profiter le mieux possible. Encore merci.
On l'appelle BARRACUDA.
Notre maître à tous, en ce qui concerne la pêche et la plongée, c’est Hugo, du bateau-copain Bémael. Non seulement lui attrape des poissons quand il lance une ligne, des petits comme des gros, mais il a aussi deux fusils à harpon. Il a trois poissons accrochés à sa ceinture quand il revient de plongée pour midi et au lieu de faire la sieste, il repart le long de la côte, vers les rochers pour se balader. Il a une raie grande comme ça au retour ! Hugo, Patrick, le capitaine de Bémael, Alexis et Francis se sont régalé de 2 kg de bonne chair de cette raie. Les bateaux-copains sont des bonnes raisons de faire des apéros très festifs mais sont aussi des sources de connaissance et de bonnes discussions. Plus tard, entre Lanzarote et Gran Canaria, Bémael a perdu son safran en pleine nuit, à 40 miles des côtes. Grosse frayeur pour eux mais vite secourus, ils ont rejoint Las Palmas. Ce jour là, Hugo a décidé de ne pas plonger pour récupérer le safran. Il devait y avoir environ 2500m de fond et chacun a ses limites. Sur le moment, je n’aurais pas fait cette plaisanterie mais après 10 jours, le moral est revenu et on rigole de nouveau.
Les jours passent et les plongées se succèdent. Florence a de nouvelles palmes à sa taille et nous maitrisons mieux masques et tubas. Hier, c’était l’anniversaire d’Hugo. Patrick nous a invité à manger le soir sur Bémael et Hugo l’après-midi m’a initié à la chasse sous-marine. Je vous raconte ?
Playa de Cabron, côte est de Gran Canaria, beau temps, juste couvert, eau limpide, sable fin, gris, volcanique, rochers sur la gauche, mer calme. Idéal et poissonneux, d’après Hugo, la meilleure plage pour commencer le harpon. Hugo en a deux, un grand et un petit. Je choisis le petit. En fait je tirerai avec les deux. Hugo super sympa va « recharger » pour moi et même repérer « LA » seiche. Ca se présente comme ça : Un fusil à harpon est constitué d’un manche en bois, deux gros élastiques qu’il faut tendre, une flèche en métal accrochée à un fil de 2 ou 3 mètres de long, une gâchette et le tour est joué. On se ballade avec son masque et on repère les poissons tout autour. Ici, il y en a beaucoup. Après mon premier tir raté, Hugo m’aide à replacer la flèche et retendre l’élastique. C’est là qu’il a vu la seiche. Hugo il voit tout. On suit la bête. Je retente le coup.
« . » Ca c’est le bruit que fait la flèche quand elle part dans l’eau. Un bruit indéfinissable.
5 fois je tire pour rien, puis au but la sixième. Hugo est si content que j’ai fait mouche. Moi aussi. Mais le plus content, c’est Hugo qui peut partager sa passion et un moment avec un pote au fond de l’eau. La seiche est transpercée en plein milieu. Elle libère son encre noire. Nous sommes entourés d’un nuage absolument opaque du volume de trois personnes debout côte à côte. Plus tard, alors que je reviens dans le coin où j’ai tiré la seiche, il y a encore de l’encre qui flotte entre deux eaux et qui se colle à la peau. Le système de défense est vraiment efficace et il aura fallu la ruse et le harpon d’Hugo.
Puis, dans la soirée, Hugo prépare une délicieuse entrée grillée directement sur le ponton pour la déguster avec Florence, les copains de Bohème Jean-Mi et Sandra, Louane et Patrick, le capitaine de Bémael . On a mangé de la Seiche, Fiesta !!
On aurait aimé ajouter du safran sur la grillade mais Patrick n’en avait plus.
P&F
Merci à l'aquarium de Las Palmas, Gran Canaria pour le requin.
Encore un bon moment de lecture pour suivre vos aventures qui nous transportent loin de la grisaille ambiante...
Bon, je dis ça mais dimanche je pars pour 5 mois à Maurice alors je vais en voir aussi des poissons de toutes les couleurs...
Grosses bises à vous deux 😘🥰