Demain on largue les amarres !

Le bateau frétille, Néphyla est accostée au ponton 58 des Minimes. Si c’était une chienne, elle remuerait la queue sans arrêt en faisant des tours sur elle-même comme quand son maître prend la laisse et qu’elle sait qu’elle va sortir faire un tour. Faire un tour, c’est justement ce que nous allons faire.

Faire un tour de bateau.

Faire un grand tour en mer. Faire le tour de l’Atlantique Nord avec notre bateau. En fait c’est ça. On part faire un tour… Un tour du monde ? Oh là, Bijou, tout doux, Bijou, On a dit un tour de l’Atlantique Nord. Le Monde, c’est une autre histoire. Un jour, on a acheté un bateau, en 2020, juste avant le covid. LOL. On a quand même un peu navigué avec, Les Sables, Yeu, Belle-Île, Groix, les Sables souvent, Yeu quand le vent porte, etc. Et puis on l’a équipé, un régulateur d’allure, un foc arisable, un spi assymétrique avec un bout-dehors, un radar broadband, un étai largable avec une estrope en dyneema (je rigole avec les termes de marine, non sans blague, à chaque fois je me marre avec ça). On est en 2023, on a mis de l’argent de côté, vendu la maison, arrêté de travailler, bien fait la fête avec les copains, les voisins, la famille, demain un dernier bisou à la terre natale et hop, vogue la galère.

Florence a rangé le bateau.

Il faut que nous ayons l’essentiel, mais le bateau est finalement assez petit et l’essentiel doit être uniquement… l’essentiel. CQFD. Vous voulez un exemple ? Un premier tri de vêtement toute seule et il y avait trois sacs (des grands sacs…), puis un deuxième tri et s’envolent de la liste la petite jupe comme ci et le petit haut comme ça, et puis aussi ça et ça, le jean… non pas le jean. Enfin pour le jean je vais demander à ma fille. Une heure plus tard, deux sacs. Aujourd’hui, on est dans le bateau juste avant le départ et elle a encore allégé la garde robe.

J’ai fait du tri dans mes outils. J’en avais 4 caisses bien lourdes à Terre, plus trois ou quatre petites spécialisées plomberie ou mécanique ou autre chose, plus celles du bateau, plus celle du tour à bois, la caisse avion, les outils piano… J’ai tout étalé dans le salon pendant le grand déménagement « vide-maison ». Il y en avait sur 5m², 4m², 3 m² (la photo...) Aujourd’hui ça rentre dans une petite caisse à outils, 2 sac d’ordis portables et une caisse en vrac du genre de celle que les poissonniers utilisent pour la morue. Ridicule ! On a fait du tri.

Ils sont fous ces romains, heu non, ces marins.

La plupart des voisins et copains de naissance de mon village se demandent encore comment on peut vendre sa maison et ne pas revenir, comment on peut quitter une baraque rénovée bien placée avec le boulot sur place en pleine nature et quasiment à toucher le centre ville ??? Moi, je me demande comment je ferais si je ne partais pas maintenant tellement j’en ai envie !!! Larguer les amarres. C’est pour dimanche, c’est pour demain, si le temps reste comme ça. Parce que maintenant, le chef du planning, c’est le temps qu’il fait, qu’il fera, la hauteur des vagues et les heures de marée. Rien à voir avec les heures d’embauche, les heures de bouchons, les heures sup, les surcharges et les sous-charges, les rdv, timeline, kick-off meeting et autre dead line de mon ancien job. Comme dans la chanson de ma jeunesse qu’on criait dans le bus en allant en colonie de vacances : Oh, oh, les copains, c’est demain qu’on fait la malle, oh, oh les copains, c’est demain qu’on prend le train.

Demain, on met les voiles !