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Blog , livre, roman

Photo du rédacteur: Florence et PierreFlorence et Pierre

Plusieurs personnes m’ont demandées récemment, alors que je leur confiais écrire un livre parlant de notre tour en Atlantique, si c’était une envie qui était née après le voyage. Elles me connaissaient peu et ne savaient pas que j’aime écrire depuis ma prime jeunesse. Ce livre, ainsi que bien d’autres projets d’écriture, font pour moi parties intégrantes du voyage, de même que pour Florence le fait de peindre, dessiner, prendre des photos, faire un carnet de voyage, éditer un livre des plus beaux clichés arrivés au port. Elle est picturale autant que j’appartiens au monde des mots. Nous en avons discuté longuement bien avant de partir, au moment où le voyage dans nos têtes n’était qu’un rêve, le sien de peindre le mien de lire, qu’une idée de voguer, elle à la barre, moi au sextant, qu’un projet de voyage, elle aux mille et une nuits et moi dans le Nautilus, qu’un départ, programmé n’oubliant rien pour elle mais à mes yeux aventureux, qu’une navigation où nous découvrions le monde de toutes les sensations de notre Duocéanique.

Dès les premiers milles, j’ai commencé à rédiger à la fois un blog, une livre et un roman. Arrivé au Portugal après quelques mois de navigation, le roman prenait le dessus car les richesses des lieux orientaient mon esprit vers l'imaginaire si facilement que j’avais du mal à barrer Néphyla notre voilier sans penser à la Néphyla du roman. Mais le blog devait suivre notre progression, lui qui me faisait garder les pieds sur la terre ferme de notre voilier. En Martinique, je délaissais le roman pour le livre, ne voulant pas prendre trop de retard car les souvenirs s’effacent peu mais les idées nocturnes, si elle ne sont saisies au réveil, s’envolent avec les alizés et la chaleur des tropiques Je devais prendre des notes, coucher sur le papier les fulgurances de la nuit à mon lever. Aux Açores, je finissais le blog avec peine, commençant à penser si fort au livre qu’il m’était pénible d’écrire sur les merveilles que nous voyions sans les relier à un récit plus construit, je ressentais le besoin d’unifier mes idées, mes descriptions, la multitude de mes découvertes avec les données de la navigation et celles du bateau. Je posai finalement les bases d’un livre en quelques heures à la table inspiratrice du bien nommé Peter Bar d'Horta sous les portraits iconiques de Sir Francis Chichester et les pavois colorés des voiliers de passage, la bière symbolique tant désirée à la main. Je pouvais laisser reposer l’affaire, le temps de finir le voyage avec les dernières publications internétiques pour seules préoccupations. Arrivé à La Rochelle, je finissais le blog. A la faveur des grandes marées d'équinoxe, le livre s’imposa à moi de manière si forte que je ne pouvais retarder l'ouvrage, m’y mettais aussitôt et faisais relire les premières pages à des écrivains de notre entourage, dont c’est le métier ou la passion. Ils m’aidaient dans l'artisanat délicat à tisser à la fois la maille et le motif de l’étoffe littéraire que vous pourrez bientôt lire.

Mais le roman est en moi dont l’héroïne Néphyla coule dans mes veines et les réchauffe. Elle les use, les dévore de l’intérieur, grignotte tout, et, alors que j’écris les lignes du livre, des mois avant que vous le lisiez, le lent travail de sape a déjà commencé car l’œuvre romanesque veut naître. Elle détaille tous les navires que je regarde, se niche au fond de chaque équipet au milieu de mes livres, se glisse sous les couverts du repas à la place des sets de table, rempli du rhum des tonneaux mis en perce mon verre d’eau quand j’ai soif, se fond dans le paysage des côtes que je visite, apparaît au loin sur la ligne d’horizon de la photo des rochers de granit rose, noue les cordages des bateaux de pêcheurs qui passent l’écluse, se révèle en perle noire sous la coque d’une huitre quand mon couteau coupe le pied, picore la vase et plonge ses longues pattes à marrée descendante avec les aigrettes de la grève, se mélange aux flacons de poivre du magasin d’épices de la petite rue du centre-ville, vole avec les mouettes au dessus du toit du hangar à bateau, ouvre les serrures des coffres de pirates quand je veux voir si j’ai du courrier, sent tomber sur elle la pluie caribéenne des chaudes et lourdes gouttes de ma douche dans la chaleur tropicale de la salle de bain, contourne l’anticyclone des Açores avec les concurrents des régates océanique, déroule les drisses lumineuses des vieux gréements décorés pour Noël, transforme les foils des Imocas en nageoires magiques qui ondulent le long de la coque, crochète les hameçons du magasin de pêche et les fait résonner telles les cloches de Notre Dame, le roman est en moi.

Kommentare


Duocéanique Néphyla 4

L'équipage de Néphyla vous souhaite bonne lecture

Nous, c'est Florence et Pierre, deux marins en herbe... de Provence (pour le côté cuisine), de Charente-Maritime (pour le côté habitation), de La Rochelle, (comme Bestaven... NA !), du port des Minimes (c'est notre maxime), du ponton 58 (comme mon âge)  sur notre voilier Néphyla, on a le  "Feeling" (c'est le modèle du bateau).

Duocéanique Néphyla 41

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