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  • Photo du rédacteurFlorence et Pierre

Il a construit son bateau !

28 novembre 2023 Néphyla est au ponton du puerto de San Sebastian de la Gomera aux Canaries.

San Sebastian, c’est le dernier port ou Christophe Colomb a touché terre avant de partir découvrir les Indes. Il n’a pas trouvé les Indes. Zut. Du coup quand il est revenu, il a raconté des trucs qui font rêver (or, principalement) pour se faire payer 3 autres voyages. Sur le ponton à la Gomera, il y a des types comme Colomb qui ont fait plusieurs fois la traversée. Evidement, c’est un peu plus facile aujourd’hui, mais quand même, traverser l’Atlantique ce n’est pas rien. C’est l’histoire d’un homme comme Christophe Colomb que je veux vous raconter ici.

Il s’appelle Jean-Mi et je vois exactement la tête qu’il va faire en lisant que je le compare à Colomb. LOL. Il est sympa, humble, travailleur, honnête, aime rendre service, de bonne humeur, etc. C’est mon pote depuis qu’on s’est rencontré à Baïona en Espagne il y a 5 mois. C’est pour ça que je le décris avec toutes ces qualités. Si je décrivais Sandra, sa compagne avec laquelle il navigue sur « Bohème », j’aurais un peu les mêmes mots, plein de compliments. Ce sont nos amis, bateau copain, super copain. C’est dit. Mais ce n’est pas pour ces bonnes raisons que je veux inclure Jean-Mi dans le blog.

Jean-Mi a construit son bateau.

J’ai une idée exacte de ce que Jean-Mi a fait en construisant un bateau. Parce que mon papa a conçu et fabriqué lui-même tout seul 5 avions. Il fait partie du monde des constructeurs amateurs. Comme Jean-Mi. Et moi je suis né dans une famille ou construire soi-même un hangar, un avion, un bateau, une tondeuse, une moto, une maison, une machine à laver, etc. c’est normal. Il y a des gens qui achètent ce genre de chose, je veux dire un bateau, un voilier, Jean-Mi, lui, il l’a fabriqué, il a mis dix ans.

La ténacité qu’il faut, la persévérance, la technicité, le courage, l’abnégation, la précision, l’envie, la vision de l’objet fini qu’il faut ne sont pas descriptibles ni compréhensibles par le commun des mortels.

Il me l’a raconté (je l’ai entendu également de tant de constructeurs qui parlaient à mon père), son envie du début, quand le projet est né dans sa tête, quand il a prit contact avec l’architecte naval Gilbert Caroff. Je l’entends me dire ses mots de demande de construire un bateau et j’entends aussi quand il raconte l’émotion qu’il a ressenti (et ressent encore 11 années plus tard) quand G. Caroff lui a répondu favorablement, quand l’architecte l’a « autorisé » à modifier les plans, l’a conseillé, l’a guidé, l’a suivi pendant la construction, lui téléphonant, lui demandant des photos.

Jean-Mi sait souder (le bateau est en acier, il a du en souder, des bouts de métal !!!), sait ajuster, assembler, mesurer, couper, tronçonner, sabler, peindre, décorer, connait l’électricité, sait installer un tableau électrique plus simple et mieux que tous ceux que j’ai vu dans ma vie, connait l’électronique, les circuits d’eau potable et usées, les frigos, le moteur (il est mécano… là je suis carrément jaloux !!), comment fabriquer un réservoir d’eau potable, de gazole, où mettre et comment brancher les bouteilles de gaz, fabriquer une porte transparente qui ferme à clef, qui soit étanche, qui laisse passer la lumière et les gens, s’ouvre toute seule comme les coffres de voiture.

Et aussi comment étancher des hublots, y mettre des petits rideaux, faire des placards pour les ustensiles de cuisine, fabriquer une table qui peut faire lit si besoin, coudre les matelas, coussins, voiles, parasols et autre capotes, installer des toilettes, une douche, des rangements dessus, dessous, dedans, partout. La liste de ce que sait faire Jean-Mi est plus longue mais là, vous en avez déjà marre de penser que lui il sait et que vous comme moi, vous ne savez pas tout ça, il vaut mieux s’arrêter là.


Jean-Mi a mis dix ans, je l’ai dit. Dix années, c’est pas juste parce qu’il n’avait pas l’argent pour s’acheter un bateau pour ce qu’il voulait faire. C’est surtout pour éviter d’avoir à corriger les « erreurs» qu’il a pu noter sur les autres bateaux. Mon père disait : « Si tu fabriques un avion juste pour économiser de l’argent, ce n’est pas une raison suffisante. » Tu dois avoir envie. Envie de faire toi-même, envie de faire mieux, d’améliorer ceci et cela, de faire à ta façon, envie d’être fier de l’objet fabriqué et d’être fier de toi.

Jean-Mi vit avec Sandra depuis 6 ans. Ceux qui connaissent le fonctionnement d’un couple savent combien Sandra a du participer à cette construction, directement ou indirectement. Jean-Mi et Sandra naviguent depuis un an avec Bohème. Quand ils ont quitté le port de St Valery sur Somme, Sandra n’avait jamais jamais navigué, comme dans la chanson. Ils sont partis l’hiver en Manche pour une navigation de nuit. Et quand Sandra a demandé à Jean-Mi : « C’est normal là ? », Jean-Mi a répondu « Oui, pas de souci ». Jean-Mi et Sandra ont passé le Raz Blanchard à la pointe du Cotentin, l’un des endroits les plus difficiles du monde à passer en voilier, à l’aise, pile à l’heure.

Jean-Mi est un type formidable. Voilà.

En plus, depuis cinq mois que Jean-Mi est mon pote, il est aussi copain avec Florence et Florence avec Sandra etc. En bref, on parle météo, réglage de voile, on fait les courses, on visite les îles, on se promène, on se rend des services, on boit des coups et même on joue à la belote les jours de pluie en mangeant des crêpes.

Miam miam.

P&F

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