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Photo du rédacteurFlorence et Pierre

Rinlo, petit port de pêche... à la baleine !

Dernière mise à jour : 7 juin 2023

jeudi 25 mai 2023

En visite en Galice, Ribadéo, Rinlo, playa de las catedrales

Néphyla est au port de Ribadéo. « Ribadéo est à peine en Galice », comme dit Manolo, l’ouvrier qui refait les pavés du porto deportivo (port de plaisance). Il dit ça parce qu’on voit, de là où on est, l’autre rive de la ria, et, de l’autre côté, c’est « Asturias », autrement dit l’étranger pour Manolo. LOL. Et pour nous, tout est nouveau et tout est étranger.

Tout est pourtant si familier ; on compte en euros, les ports sont équipés comme à La Rochelle, les gens roulent à droite, les arrêts de bus, les poissonneries, la police locale, la bière, etc. tout est familier et en même temps tout est nouveau. Alors on va visiter un village sur la côte (du côté Galice, héhé…), un petit village de pêcheurs.


Le port de Rinlo est absolument MINUSCULE ! J’écris cela en MAJUSCULE pour que vous ayez bien la mesure. On pourrait se dire, ça y est, Pedro a encore pété un câble, il fait de la littérature à deux balles. Que nenni. Je souligne que le port est minuscule parce que cela a un intérêt ici. Voici le pourquoi du parce que :

A Rinlo, on pêchait la baleine. Vu la taille du port, on imagine mal la chose. Bon, il faut un peu de lecture pour comprendre comment ils faisaient. Des petites barques, des arpons en bois avec un bout en fer, des lignes en lin, des rameurs, et si par bonheur on harponne bien, on fatigue la bête pendant quelques heures et vu que la baleine ne coule pas, on rentre avec la prise grâce à la marée et on entre jusqu'au fond du port entre les rochers. Aujourd’hui, on dirait que c’était de la pêche traditionnelle galicienne, inventée au pays Basque tout proche au XIème siècle. Ils sont fous ces galiciens.



La pêche de cette époque prélevait dans le milieu cet énorme animal pour nourrir tous les villageois et beaucoup de monde autour. On tirait aussi de l’huile pour toutes sortes d’utilisation comme l’huile pour les lampes, la cire des bougies qui ne fumaint pas, le cirage et l’entretien des cuirs, la lubrification des armes, la fabrication du savon, etc. Mais aussi les « baleines » des parapluies fabriqués avec les fanons et surtout, très important, les tiges des corsets pour bien cintrer ces dames… Je ne m’étends pas sur le sujet par crainte des plaintes possibles de la part de la SPA. (oups, SPA? non pas SPA..., bon passons).

A force de pêcher de plus en plus et de mieux en mieux, les basques (et donc aussi les asturiens et galiciens) commencent à vider les côtes.

Les pêcheurs partent de plus en plus loin en mer avec de plus gros bateaux. Tout le globe s’y est mis, les japonais, les pays du Nord, les chiliens et les argentins et surtout les américains depuis des ports de la côte Ouest et l’Alaska et surtout depuis Nantucket. Vous vous souvenez d’Hermann Melville et de son roman Moby Dick ? Et bien c’est de Nantucket qu’il s’est inspiré pour écrire. Comme moi aujourd’hui de Rinlo (toute proportion gardée !).

L’huile de baleine si pure et si lumineuse éclaire les villes et l’éclairage public ne sera remplacé bienheureusement par le gaz de ville qu’avec la découverte du pétrole et de tous ces dérivés après 1850. Ouf, on est sauvé, le pétrole est là. Ceux qui me connaissent voient ici toute l’ambiguïté dans le « bon » côté de la découverte du pétrole, le CO², le réchauffement climatique, etc. Bref, pas aujourd’hui mais bientôt, c’est sûr j’en parlerai. Sauf que même avec le pétrole, la chasse continue.

Mais les hommes perfectionnent encore leurs techniques avec le harpon explosif (1867), les bateaux usines qui dépècent les baleines en mer, fondent l’huile et remplissent les tonneaux… Le début du XXème voit la production (la destruction ?) de baleine augmenter. Depuis 1924 et surtout 1946, des institutions internationales essayent d’enrayer la chasse industrielle sans limite. Entre 1955 et 1962 la chasse arrive à un maximum de près de 40 000 animaux tués par an. En gros, il y aurait eu 2.8 millions de baleines tuées au XXème siècle. Aujourd’hui, ne restent que 3 pays (Japon, Norvège et Islande) dans la liste des pays qui s’opposent à l’arrêt de la chasse à la baleine.

Voilà pour mes réflexions et lectures du jour suite à la visite de ce petit port de Rinlo. Où l’on pêchait la baleine ? Sans blague. Aujourd’hui, cela parait absolument irréel. Merci à Florence pour ses photos.


P&F

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