Du samedi 6 au lundi 8 mai 2023, on a traversé le golfe de Gascogne
Néphyla est accrochée au ponton visiteur de Gijon en Espagne. Et elle a fière allure, à côté des autres bateaux, dont beaucoup sont plus grands et mieux équipés qu’elle. Mais elle a fait le job, et bien en plus, elle nous a rassuré et donné du plaisir. Elle affiche son nouveau panneau solaire monté à St Denis d’Oléron la veille du départ qui alimente ses quatre batteries de servitude installées deux jours plus tôt.

Et son radar « broadband 4G », que l’on a inauguré sur cette traversée. Il nous signale toute « cible » à presque 50km à la ronde, autant dire qu’on a du boulot pour tout comprendre, comment ça marche, ne pas confondre les orages, la pluie, les bateaux de pêcheur et les vagues.
A régler avec délicatesse. On apprend à être marins.
Une nuit dans le golf.
Florence et moi avons pris avec humilité les premières heures sur l’eau vers cet inconnu qu’est la croisière hauturière. Coup du sort du bon côté, la lune est presque pleine. Pour l’instant, on ne voit rien, elle se lèvera vers minuit, à travers les nuages. Je vais me coucher et c’est Florence qui s’y colle. Comme d’habitude, j’aurai des photos.

Pendant mon quart, quelques heures plus tard, je profiterai de sa lumière et du monde noir et blanc qu’elle nous propose, comme dans un vieux film. Je réveille Florence et je vais me coucher vers 4h30. Et c’est Florence qui aura le lever de soleil (heureusement pour les photos, et quelles photos !!). Nos couleurs de terriens sont toujours teintées de vert et de brun en campagne. Pour les gens des villes, c’est béton et bitume, mais ça vous le savez.

Sur la mer, les couleurs de la nuit se transforment en une palette changeante à chaque seconde allant du gris… vers le gris. Rire. Le jour, cette palette nous révèle le temps qu’il fait. Rose, orange, jaune, blanc, vert, mauve, sombre, azuréen, livide, ouateux, léger, lourd, contrasté, bleu.
Vous avez écrit bleu ? Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune marin !
On pouvait dire… Oh Dieu ! … bien des choses en somme…
En variant le ton, - par exemple, tenez :
Pictural : « Moi, monsieur, si je voyais un tel bleu de face, Il faudrait sur-le-champ que je l’efface ! »
Dépeint : « Mais il doit dans la mer tout le temps tremper, Pour être aujourd’hui si délavé ! »
Descriptif : « C’est le bleu de la mer ! … c’est un indigo ! … Que dis-je, un indigo ? … C’est un outreMER ! »
Vestimentaire : « De quoi sert cette oblongue salopette pendue aux épaules Loanesques ? De bleu, monsieur, ou de tablier, on y est presque ! »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les dauphins que paternellement vous voulez y voir, De quoi humidifier leurs délicates nageoires ? »
Trafiquant : « Ça, monsieur, lorsque vous prenant pour un pirate chapardez, La ferveur vous colle, celle des bleus, policiers, flics, barbouzes et autres condés ! »
Prévenant : « Gardez-vous bien de cuire votre steak trop de temps, Il serait passé loin du bleu, et ne finirait point saignant ! »
Voyageur : « Faites-le grandir en lui faisant tirer l’écoute de ses petites mains, De mousaillon, bizut, bleuzaille et perdreau de l’année, il deviendra un jour un noble et fier marin ! »

Et la nature nous offre ses beautés ; la mer lisse et les couleurs rose et orange du ciel levant, les sauts des jeunes dauphins qui suivent leurs ainés qui pistent notre voilier, foncent vers nous et jouent avec l’étrave, le bruit de l’eau contre la coque, l’odeur salée de l’Océan, la lune pleine et lumineuse qui se lève et nous regarde de son œil rond et qui sourit à nos pensées de petites gens.

Le Golf de Gascogne est notre première traversée, Duocéanique Florence et Pierre. Comme dit mon copain Fred (de la bande des 7 voileux parisiens) : « Vous avez fait le plus dur ». Finalement, il a raison Fred, le reste c’est du pareil au même. En tout cas :
« Amarres larguées mon capitaine ! »
On a traversé le Golf.
P&F
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